Il se pourrait que, une nuit de grande lune, non loin de la mer, vous rencontriez JMM chargé de sacs, de spots, d’appareils photo, et le surpreniez accrochant aux arbres des ailes de porcelaine blanche ou aux baraques de pêcheurs d’immenses yeux de céramique. Silencieux et comme aux aguets, il place ses spots, les allume, mêlant leur lumière à la clarté de la lune. Il installe dans leur halo d’étranges univers d’objets modelés ou drapés posés sur les rochers, mêlés aux algues, baignant dans l’eau calme, s’élevant dans le ciel nocturne, caressés par le vent.
Puis il les prend en photo. Ou pas : il lui arrive de tout remballer et de s’en retourner chez lui sans avoir touché le déclencheur. Parce que des nuages ont caché la lune, que le vent s’est levé, ou que la poésie de ces confrontations hasardeuses s’est tarie avant d’avoir été captée.
Dans son atelier, il avait travaillé l’argile ou le kaolin, lui donnant des formes douces sensuelles, polies, repolies. Il avait ainsi façonné des bribes de nature, des morceaux d’animaux, des anges, des émotions.
Au studio, savamment, il travaillera les gris, les noirs, les blancs, choisira les papiers comme un peintre choisit sa toile. Qui pourrait imaginer qu’il fut longtemps spécialiste des photos de bolides en pleine vitesse ?
Le résultat est là, en blanc et noir, nocturne, et lumineux. Humour, poésie, tendresse, fragilité, nature revisitée, habitée d’objets vibrants de lumière: le monde de JMM est semblable à nul autre, sa maîtrise de la photographie en dévoile quelques mystères.